Collision entre un drone et un avion, quel risque ?

droneCe matin, un Airbus de la compagnie Air France est passé à seulement 5 mètres d’un drone lors de l’approche sur l’aéroport de Roissy. L’avion se trouvait à plus de 1500 mètres lors de la rencontre, il s’agissait donc d’un drones professionnel, donc de grande taille et pesant plusieurs kilos…

Imaginons maintenant la collision entre un drone et un avion. Pour les petits drones de basse altitude il n’y a aucun problème : ils sont tellement légers qu’ils ne provoqueraient pas plus de dommages que la collision avec un oiseau. Tous les avions sont conçus pour pouvoir affronter une telle situation, et on dénombre d’ailleurs environs 100 collisions aviaires chaque jour dans le monde sans que cela n’entraîne la moindre couverture médiatique.

Pour les drones de plus grande taille, comme celui qui a croisé notre Airbus, les conséquences ne sont pas les mêmes bien qu’elles restent maîtrisables. En cas d’impact dans le pare-brise, on peut imaginer une fissuration qui empêcherait les pilotes d’avoir une visibilité sur l’extérieur. Pas de panique, les pilotes sont formés pour voler sans pouvoir regarder dehors et des systèmes de guidage permettent aux avions de se poser automatiquement. Voir cet article qui aborde la question du vol sans visibilité.

moteur greleEn cas d’ingestion du drone dans le réacteur, il y a de grandes chances pour que le moteur continue à fonctionner normalement car ceux-ci sont conçus pour ingérer environ 750 kg de grêle en 30 secondes. Ci-contre, le test d’un moteur General Electrics au banc d’essai, on y voit le canon qui envoie la grêle dans un réacteur, sans aucun dommage… Il est donc inimaginable qu’un drone en fibre de carbones et ne comprenant que quelques « organes » rigides soit plus dur et dense que des morceaux de glace ! Néanmoins, même si l’on imaginait l’extinction d’un moteur, il s’agit d’une situation tout à fait maîtrisable à laquelle les pilotes s’entraînent plusieurs fois par an. Rappelons au passage que les avions sont tous capable de voler et même de décoller avec seulement un seul moteur opérationnel.

Pour ce qui est de la structure de l’avion, un drone ne pèse que quelques kilos et ne provoquera pas plus de dommages qu’un « poc » sur le fuselage, comme pour cet avion de Turkish Airlines :

Dans tous les cas, une collision entre un avion qui pèse au moins 100 tonnes et se déplace à plusieurs centaines de kilomètres / heures avec un objet aussi minime qu’un drone ne provoquera pas la destruction de l’avion. Il existe des cas de collisions entre des avions de ligne et des appareils légers, comme des planeurs et des avions de tourisme (donc des objets 100 fois plus massifs qu’un drone), et depuis plus de 30 ans c’est toujours le petit aéronef qui a été détruit, jamais l’avion de ligne… Pour ceux qui s’inquiètent des systèmes empêchant la collision de deux avions, lire cet article.

La multiplication du nombre de drones est par contre considérée comme une menace sur l’aviation civile, car même sans générer d’accident, un principe de précaution existe. Les réparations immobilisent des avions et sont très coûteuses, des aéroports pourraient devoir fermer et des avions être déroutés si un drone volait dans une zone interdite… Cette problématique a d’ailleurs été le thème central de la dernière réunion de l’IATA (association de l’aviation civile) à la mi-février.

Le problème est donc pris en compte et des solutions techniques existent déja, elles sont développées depuis des années et ont connu un grand coup d’accélérateur lorsque des drones ont survolé des centrales nucléaires en 2015 : piratage du drone, perturbation de système GPS s’il est autonome, développement de drones spécifiques (image ci-contre) ou formation de rapaces pour les abattre en plein vol…

Voici mon intervention sur le plateau de BFM TV qui résume cet article :

À propos de Xavier Tytelman

Ancien aviateur militaire aujourd'hui consultant sur les questions aéronautiques. Responsable et formateur au Centre de Traitement de la Peur de l'Avion (www.peuravion.fr). Tel : +33667484745
Ce contenu a été publié dans Accidents et crashs, Industrie aéronautique, Sécurité aérienne, avec comme mot(s)-clef(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

5 réponses à Collision entre un drone et un avion, quel risque ?

  1. Antoine dit :

    Très interessant! Grand article en une du Parisien ce matin à ce sujet.

  2. Ping : Quelle est la probabilité de subir une panne moteur ? | Sécurité aérienne et peur en avion

  3. Claudia dit :

    Bonjour,

    Merci pour vos articles toujours très intéressants !

    Qu’en serait-il de l’utilisation par des terroristes d’un drone chargé d’explosifs lors du décollage ou de l’attérissage d’un avion? Cette éventualité est-elle envisageable, ou sagit-il d’un pur fantasme?
    J’ai lu récemment un artcile évoquant cette possibilité… mais je sais que les médias ne sont pas toujours très réalistes !

    Merci et très belle journée !

    • Xavier dit :

      Bonjour,
      Oui c’est une option parmi d’autres, mais vous n’imaginez pas la complexité d’un explosif, il ne suffit pas de le cogner pour que ca explose ! Et avec quelques kilo de charge utile, il n’y aura pas assez d’explosif pour faire tomber un avion. Souvenez vous par exemple de l’Airbus cargo qui avait décollé de Bagdad en 2003, il avait pris un missile et avait pu se reposer…

      • Claudia dit :

        Merci pour votre réponse !
        Me voilà plus sereine pour mon prochain voyage (en Novembre, et oui je stresse déjà haha), aux USA! 🙂

Laisser un commentaire