La « voie du stress » et la peur de l’avion expliquées par les neurosciences

radoLa recherche en neurosience est toujours pleine de surprises. Une étude publiée mi-août apporte des découvertes importantes, des nouveautés qui viennent confirmer l’importance des trois étapes du stage contre la peur de l’avion. Pour faire simple, on a trouvé la « voie du stress » et des applications à cette nouveauté pourraient aider les anxieux à mieux vivre leurs voyages en avion. Trois grandes nouveautés sont à souligner. 

Vous le savez : face un événement qui sort de l’ordinaire (qu’une voiture change de voie sur l’autoroute sans prévenir ou que votre avion subisse une turbulence), le cerveau envoie un signal pour sécréter l’hormone du stress, le cortisol, et celui-ci entraîne des réactions physiques normales : accélération du rythme cardiaque, transpiration, dilatation des pupilles, et libération de notre cerveau primitif, celui qui nous protège depuis des millions d’années. Le cerveau des émotions nous donne alors deux ordres : fuir ou se préparer pour se battre. L’énergie est produite par le corps pour faire face à l’un de ces efforts physiques, et c’est notamment pour cela que l’on écrase les accoudoirs : il faut bien utiliser cette énergie qui arrive dans le haut de notre corps…

L’étude parue cette semaine et réalisée par des chercheurs de l’Université de Pitsburg montre qu’il existe une longue chaîne de neurones entre certaines zones du cortex (le cerveau rationnel) et les glandes surrénales qui sécrètent les hormones du stress. L’anxiété liée à des phobies (comme la peur de l’avion) et les états mentaux (comme la dépression) peuvent donc réellement avoir des effets direct sur le fonctionnement des organes, il existe une réelle base anatomique aux maladies psychosomatiques ! Cela prouve l’importance de « garder le cortex allumé », comme nous l’expliquons dans le stage. Ne restez donc surtout pas prostré si la peur de l’avion arrive, ne cherchez pas à vous isoler, si vous faites cela alors vous laissez votre cerveau des émotions prendre le dessus, provoquant la sécrétion des hormones du stress qui mettront des dizaines de minutes à se dissiper…

La deuxième grande nouveauté de l’étude est la découverte d’une voie reliant le cortex-moteur (l’aire cérébrale qui gère le mouvement) avec les glandes surrénales. Ceux qui ont participé au stage contre la peur de l’avion comprennent tout de suite de quoi je veux parler : en activant l’air cérébrale du mouvement on peut contribuer à garder le cortex allumé, et donc réduire la sécrétion des hormones du stress. Cette forme de gestion de l’anxiété, que nous avions observé, enseigné et mis en pratique depuis des années, a donc une base médicale et ne repose pas que sur un effet placebo.

Cela explique aussi pourquoi nos postures peuvent avoir un effet sur notre anxiété. Une personne qui se tient dans une position de renfermement (pieds vers l’intérieur, épaules et tête rentrées…) envoie un signal de danger autour de lui. A l’inverse, la respiration ventrale, même si elle ne donne pas l’impression de mieux respirer, « montre » au cerveau que tout se passe bien autour de nous. Même si vous n’êtes pas à l’aise, le fait de prendre une position de confiance et de bien respirer par le ventre est un message d’apaisement pour le cerveau.

La dernière nouveauté de cette étude est liée aux souvenirs. Lorsque l’on se remémore une situation difficile (vivre un vol désagréable, prendre une mauvaise décision, être en conflit), ces mêmes zones cérébrales s’activent et il est donc possible que ces souvenirs réactivent les glandes et génèrent un stress égal à l’événement initial. C’est pour cette raison que la peur de l’avion se renforce toujours avec le temps et malgré les vols : on arrive toujours au vol avec l’anxiété du vol précédent qui s’était mal passé… si le vol se passe bien on garde le même stress, s’il y a un petit détail anxiogène, cela s’ajoute à la peur déjà présente. Il est donc fondamental de changer le souvenir que l’on a face à l’avion, c’est le rôle de la séance de simulateur de vol. Le visuel touche le souvenir, il ne s’agit pas d’informations uniquement rationnelles, et en passant un bon moment dans le simulateur, le cerveau des émotions croit que le dernier vol n’était pas si désagréable (même si votre cerveau rationnel est tout à fait conscient que vous n’avez pas quitté le sol).

Peut-être que d’ici quelques années, des recherches auront permis de réduire l’activité de cette « voie du stress » chimiquement avec des médicaments, il sera alors possible de réduire partiellement une peur ou la dépression. Mais il ne faut pas croire que ce type de traitement-miracle pourra être efficace isolé. Ces difficultés reposent certes sur des réalités physiques comme la sécrétion des hormones du stress, mais avant tout sur des pensées négatives plus ou moins automatiques que l’on peut apprendre à modifier. Dans l’avion, il s’agit de trouver des réponses à toutes ses angoisses (comment on gère une turbulence, comment on gère une panne moteur…), pour les phobies et les états dépressifs il faudra aussi apprendre à penser autrement. En attendant, gardez le cortex allumé (techniques cognitives + activation de l’air cérébrale du mouvement), gérez le stress (techniques respiratoires comme la cohérence cardiaque), trouvez les réponses à vos questions (ce blog y contribue), et modifiez vos expériences négatives (en vous exposant à l’aviation). Le monde sera à vous 🙂

À propos de Velina

Velina Negovanska, Psychologue Clinicienne, Docteur en Psychologie spécialisée dans le traitement des phobies et la gestion de l'anxiété. Formée aux thérapies cognitivo-comportementales à l'Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive, ainsi qu'à la cohérence cardiaque. Psychologue référent du Centre de Traitement de la Peur de l'Avion, Mail : psychologue[at]peuravion.fr
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