Incendie et fuite d’essence sur le Boeing 787 Dreamliner

Boeing 787-881 ANA JA805AFrancfort le 20 mai 2012

Boeing 787-881 ANA JA805A
Francfort le 20 mai 2012

Le 8 janvier 2013 sera une mauvaise journée pour le dernier né de Boeing, le B787 Dreamliner. Cet avion, révolutionnaire d’un point du point de vue de sa conception et de son industrialisation, a cumulé surcoûts (32 Md$ pour sa conception et la construction des 40 premiers exemplaires) et reports (plus de 2 années de décalage sur le calendrier d’origine) avant sa mise en service le 26 octobre 2011. Mais ses déboires ne se sont pas arrêtés à cette date, puisque plusieurs incidents sans gravité ont été relevés et que dans les dernières 24h, un incendie sur une baie technique après l’atterrissage puis la détection d’une fuite sur un deuxième avion ont été déclarés sur deux avions JAL à Boston.Ces défaillances sont problématique pour l’avionneur qui va devoir réviser les avions déjà en ligne, verra ses livraisons décalées et ses commandes baisser tant que tout ne sera pas réglé.

Mais contrairement à ce que ces évènements peuvent faire croire, d’un point de vue de la sécurité aérienne, toutes les mesures sont prises. Ces incidents se sont déroulés sur des vols d’essai, avant le décollage, au roulage ou après l’atterrissage, en général sans passager. La nouveauté que représente l’appareil et l’enjeu qu’il constitue pour Airbus et Boeing fait qu’on lui porte plus d’attention et qu’on souligne chacun de ses problèmes. A chaque difficulté, une correction est appliquée aux appareils, et si une question semblait sérieuse, l’ensemble de la flotte se retrouverait clouée au sol.

Le B787 apporte plus de confort, d’espace et de luminosité, une pression atmosphérique et une hygrométrie plus élevée, un niveau sonore et une consommation d’essence moindre par rapport à tous les avions actuellement en service, et cela devrait rester le cas jusqu’à l’année prochaine et l’entrée en opérations de l’Airbus A350 XWB, modèle aux caractéristiques équivalentes conçu par l’avionneur européen.

Si un problème de sécurité était réellement détecté, toute la flotte de B787 serait clouée au sol jusqu’à ce que tous les paramètres soient rétablis pour une sécurité optimale. En attendant, l’avion a déjà réalisé plus de 50 000 heures de vol, a transporté plus d’un million de passagers et continue son exploitation commerciale.

Mise à jour du 16 janvier 2013 suite à l’évacuation d’urgence d’un B787 d’All Nipon Airways suite à un départ d’incendie :

Comme nous l’évoquions, la série noire que traverse le Dreamliner n’est pas finie et a conduit aujourd’hui à l’évacuation d’urgence des passagers. La flotte des compagnies japonaises détentrices de l’avion a été clouée au sol en attendant des éclaircissements et pour éviter tout risque. Si un risque existait, l’ensemble de la flotte serait interdite de vol, et les investigations poussées qui ont lieu aux Etats-Unis, au Japon, en Europe et chez les constructeurs permettent de s’assurer que tout est fait pour garder un niveau de fiabilité optimal.

À propos de Xavier Tytelman

Ancien aviateur militaire aujourd'hui consultant sur les questions aéronautiques. Responsable et formateur au Centre de Traitement de la Peur de l'Avion (www.peuravion.fr). Tel : +33667484745
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4 réponses à Incendie et fuite d’essence sur le Boeing 787 Dreamliner

  1. DUTOUQUET dit :

    Bonjour,
    Une des pistes évoquée pour l’avion malaisien est la possibilité d’un incendie. Que se passée t’il lorsqu’il y a le feu dans un avion?
    On parle aussi beaucoup des transpondeurs déconnectés. Dans quelles situations un pilote est il amené à se déconnecter?
    Merci d’avançe pour vos réponses.
    Cordialement
    Françoise Dutouquet

    • Xavier dit :

      Bonjour Françoise,
      S’il y a un incendie, on va tout simplement l’éteindre (il y a des extincteurs à disposition des équipages) et se poser rapidement, je ne crois vraiment pas en cette origine pour l’avion malaisien puisqu’il a continué à voler pendant des heures.
      Le transpondeur est un outil qui répond aux radars civils pour leur transmettre des informations sur la situation de l’avion (identité, altitude, cap…). Il n’y a pas de raison de le déconnecter.
      Xavier

  2. Myon dit :

    Bonjour,
    Merci pour vos articles qui sont vraiment très très intéressant. J’en lis chaque jour d’avantages…
    En revanche, je prépare mon voyage au Mexique (avec Air France). J’angoisse tellement à l’idée de traverser l’Atlantique et encore plus de nuit… Malgré plusieurs vols de nuit (moment ou je fais le plus de crise de panique en voyant l’aile « vaciller » de haut en bas).
    Et si un moteur prenait feu ? l’avion pourrait-il bruler ? se disloquer ? l’amerrissage (vu rarement) serait-il envisageable ?
    L’idée de voir l’avion tomber comme une pierre ou de me retrouver moi à tomber en chute libre me terrorise… Les sensations, le vide me terrorisent. Les manèges à sensation m’ont traumatisés étant jeune. L’avion également en cas de turbulence. Il y la peur de l’accident mortel mais les sensations dans le corps qui peuvent être ressentis me hantent d’avantage…

    • Bonjour et merci !
      Alors le risque est tout aussi faible de jour que de nuit, ca ne change absolument rien poyr l’avion même si notre anxiété est toujours plus forte la nuit (c’est lié à nos ancêtres qui se faisaient plus attaquer à ce moment de la journée). Pour les incendies, il faut réaliser que l’on se trouve à une altitude où l’air est très peu dense, à -50°C et à 800km/h… un incendie ne peut jamais se déclarer ni être entretenu dans des conditions aussi extrêmes ! Néanmoins, les moteurs ont des extincteurs intégrés que les pilotes peuvent déclencher depuis le cockpit, et l’aile comporte une partie qui protège de l’incendie appelée le « firewall ».
      Pour ce qui est des sensations, il y a deux possibilités : soit vous les supportez aussi mal dans tous les environnements (train, voiture et avion) auquel cas vous êtes simplement hypersensible, soit la peur est plus forte en avion, et dans ce cas il y a forcément une focalisation accentuée par des pensées négatives.
      Dans tous les cas, n’oubliez pas que les réponses que vous trouverez ici ne sont « que » rationnelles, c’est à dire qu’elles sont valables quand vous me lisez maintenant, mais qu’une fois dans l’avion c’est plus probablement le cerveau des émotions qui va dominer. C’est justement ça l’objectif du stage : apporter des réponses, fournir les techniques cognitives pour garder le cerveau en fonction, puis la séance de simulateur de vol apporte les réponses mais pas de manière rationnel.

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